Chers amis,

Le salon de l’agriculture de Paris vient de fermer ses portes. A cette occasion a eu lieu la 150ieme édition du Concours Général Agricole où nous avons obtenu 3 médailles d’or. Les trois cuvées récompensées représentent 40 % de nos volumes de rosés 2019 !! Nous en sommes évidement très fiers, mais nous ne ferons pas de triomphalisme car, comme j’ai pu l’évoquer par le passé, il y a sûrement de très jolis vins présentés qui n’ont pas été récompensés…

Et si nous parlions maintenant d’un geste banal : ouvrir une bouteille de vin.

En y regardant d’un peu plus près, on pourrait penser à un sketch de Fernand Reynaud (« bouteille verre, bouteille plastique … »), car les modes de bouchages sont multiples : bouchon liège, liège reconstitué, synthétique, verre, vis métallique… je ne suis pas sûr que les consommateurs que nous sommes faisons réellement attention, mais en décisionnaire que je suis le choix est des plus complexe.

Depuis une période très reculée l’usage était le bouchon en liège naturel, mais qui n’est pas un jour tombé sur une bouteille « bouchonnée » ? Sans aller trop loin dans les détails, le responsable est un champignon qui s’est développé sur le liège avant sa récolte et qui rejette dans le vin une molécule connue sous le nom de TCA. De plus si la densité du liège est trop faible, sa porosité sera importante et sa mémoire de forme sera insuffisante provoquant l’infiltration d’air entre le bouchon et le verre. Dans les deux cas le vin va s’oxyder trop rapidement et donc se dégrader.

Pour remédier à ces problèmes certains fabricants ont proposés des bouchons synthétiques. Très bien. Mais on peu légitimement se demander si des molécules de synthèse ne mutent pas dans le vin. On a aussi des doutes à leur sujet sur leur empreinte écologique (fabriqués à partir du pétrole mal recyclé). Conscient de ces éléments, les fabricants proposent aujourd’hui une alternative avec de la mélasse de canne à sucre comme matière première. Le visuel des bouchons étant le même on est déboussolé.

Une alternative venant des pays anglo-saxon est de boucher avec des capsules à vis. Quel sacrilège pour nous Français !! Et pourtant ils n’ont pas complètement tort. D’abord qui n’a pas calé un jour devant une bouteille à ouvrir avec un tire-bouchon aux abonnés absents ? Hormis le coté pratique de ce procédé, la pression sur le bouchon lors du sertissage permet de régler la perméabilité et donc de gérer la micro-oxygénation. Par contre là encore nous avons un contact entre le vin et le joint synthétique à l’intérieur de la capsule métallique. Ce qui est exactement la même chose avec un bouchon en verre. Zut !!

Autre solution, le bouchon en liège reconstitué. Le principe est de broyer du liège, de faire subir aux granulés un traitement à la vapeur pour éliminer le TCA et de le ré-agglomérer. Il y a plusieurs procédés pour les reconstituer, que je ne développerai pas ici mais en finalité nous pouvons choisir la densité du bouchon final ; ce qui résout également les problèmes de mémoire de forme. Cette formule est séduisante, sauf que tout à fait par hasard, j’apprends que pour porter le nom de « bouchon en liège » il suffit que celui-ci soit constitué d’au moins 51 % … de liège ! Et les 49 % restant ? Et bien certains fabricants les remplacent par des billes synthétiques moins chères facilitant la mémoire de forme. Ce n’est pas une blague : on revient à la case bouchon synthétique !

Comme la solution liège reconstitué me parait réellement la plus adéquate pour boucher nos bouteilles de rosés et blancs et que 90 % des bouchons sont fabriqués au Portugal, je suis allé au mois de novembre dernier, visiter l’usine de notre fournisseur.

Nos échanges avancés sur le procédé de fabrication de l’usine m’ont rassuré, et un élément surprenant m’a été indiqué : apparemment beaucoup de consommateurs ne savent pas comment est produit le liège. Donc je fais un petit aparté à ce sujet : le liège est l’écorce du tronc de chênes ; les arbres sont « déshabillés » manuellement, et sans être coupés, une fois tous les 10 ans. 10 ans est donc le tant nécessaire à la reconstitution d’une écorce de liège. Le Portugal porte d’immenses forêts de chêne liège, avec des températures et une hygrométrie qui permettent à la fois une pousse rapide de l’arbre et un développement faible du champignon à l’origine du TCA. C’est pour cela que le Portugal est le leadeur mondial de bouchons.

Je pense qu’après lecture de ces quelques lignes ouvrir une bouteille de vin ne sera plus « banal » pour vous ! En ce qui concerne le bouchage des bouteilles du domaine Terre de Mistral, les rosés et blancs restent en bouchons reconstitués, les rouges et blancs de garde sont quand à eux bouchés avec du liège naturel haute densité.

Au plaisir de vous croiser chez nous,

Serge